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L'hôpital de jour Les Lierres, à Sèvres, accueille des enfants atteints de troubles envahissants du développement et de troubles du spectre autistique

« De bouche à oreille » : une nouvelle action auprès d’enfants atteints de troubles du comportement

Depuis février une conteuse de l’association, Debora, intervient chaque quinzaine à l’hôpital de jour Les Lierres, à Sèvres, auprès d’enfants présentant des troubles du spectre autistique et des troubles envahissants du développement. Avec les arts de la parole, nous voulons les aider face aux obstacles du quotidien et franchir les distances qui nous séparent.

De nouveaux mondes s’ouvrent à nous. Le premier, c’est cette ancienne maison bourgeoise du XIXe siècle, sur les coteaux de Sèvres, avec son jardin et ses annexes modernes. Dans les années 1960 un couple constate l’absence de lieux d’accueil pour leur fils handicapé ; il crée l’Association des parents d’enfants inadaptés (Apei) de Sèvres – Chaville – Ville-d’Avray et dédie la propriété à l’éducation d’enfants en situation de handicap. Aujourd’hui, après moult évolutions, c’est l’hôpital de jour Les Lierres, où l’équipe prend soin d’une trentaine de jeunes. Un monde avec des murs, des limites, des habitudes qui sont autant de tuteurs pour mieux grandir lorsqu’on est un peu « dans son monde ». *

Viennent ensuite leurs mondes, donc, bien plus grands : les paysages intérieurs de ces enfants présentant des troubles envahissants du développement et/ou de troubles du spectre autistique – dans le jargon, TED et TSA. Des espaces parfois difficiles d’accès pour qui souhaite y entrer, et tout aussi difficiles à extérioriser. Toutes les deux semaines depuis février, pendant 2h, en salle sensorielle, l’artiste conteuse Debora Di Gilio jette des ponts entre ces mondes. Auprès de deux groupes de 5 enfants âgés de 5 à 8 ans, elle utilise les arts de la parole et la danse pour créer un passage, des chemins de traverse, des détours enchanteurs.

« De bouche à oreille » c’est la mise en relation, par les arts de la parole, de tous ces mondes : l’institution et ses équipes, qui façonnent un espace propice à l’éducation, à l’épanouissement, au mieux-être, et les vastes contrées intérieures des enfants, qui ne demandent qu’à être parcourues. Enfin, il y a l’imagination : un monde en partage. Le conte se fait alors outil culturel et social, et la conteuse, guide, exploratrice, co-voyageuse. Le projet entend répondre en particulier à des problèmes d’oralité alimentaire et d’oralité verbale ; autrement dit, des problèmes pour se nourrir et s’exprimer. Il cible aussi les difficultés d’attention et l’accès restreint aux jeux symboliques et à l’imaginaire.

Debora s’appuie sur des thèmes choisis – l’oralité, les sens, la nourriture, la dévoration… – et amène ses petits auditeurs à s’approprier les histoires avec leurs mots, leurs gestes, tout ce que leur imagination suggère… L’apprentissage se fait ainsi par répétition et appropriation progressive, d’une séance à l’autre : un mode opératoire adapté aux enfants atteints de TED et TSA. Après un mois d’ateliers, les ressources des enfants la surprennent déjà :

« J’alterne les moments de contes, où nous sommes tous assis en cercle, et les moments de danse, sur des comptines. Ils ont besoin de bouger. Je craignais que cette alternance les disperse, les perturbe. Mais non, ils suivent bien. Il y a même des dynamiques étonnantes qui se créent. Parfois les enfants s’aident entre eux, pour suivre les chansons et les contes, faire certains gestes… Chaque enfant apporte quelque chose dans le groupe. »

Une infirmière éducatrice assiste à la séance pour observer les réactions et accompagner Debora. Elles travaillent avec une infirmière et une psychomotricienne spécialistes des troubles de l’oralité alimentaire, qui animent un atelier de découverte sensorielle en parallèle. Au-delà, c’est l’ensemble de l’équipe soignante et éducative qui enrichit le projet lors d’échanges informels et de réunions. Il semble même que tout ce joli monde y prenne goût :

« Mardi dernier, le matin, un jeune de 7 ans atteint de troubles du spectre autistique, qui ne parle pas, est spontanément allé chercher un pictogramme représentant le conte pour le mettre sur le calendrier pour le jour-même. Le rendez-vous est attendu. »

* Nous vous recommandons la lecture d’Un quotidien extraordinaire de Christophe Fredaigue, qui partage son expérience d’enseignant spécialisé dans cet hôpital depuis quinze ans (à paraître le 27 mars 2021 aux Éditions de L’ArtBouquine).

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