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Nos ateliers créent la rencontre entre élèves "ordinaires" et "extra-ordinaires"

Rencontres Extra-Ordinaires : « On sort des ateliers en se disant que la vie est belle ! »

Christine Brochard, professeure documentaliste au lycée professionnel Kandinsky, a encadré un groupe d’élèves cette année dans le cadre des Rencontres Extra-Ordinaires, notre cycle d’ateliers pour personnes en situation de handicap et de sensibilisation. Interview.

Quelle était votre participation au projet cette année ?

Nous sommes partenaires de la Maison d’accueil spécialisée Princesse Mathilde à Neuilly-sur-Seine depuis des années. Nous sommes en lien avec elle pour proposer des stages à nos lycéen·ne·s. J’ai donc travaillé sur le projet des Rencontres Extra-Ordinaires dès le début il y a 4 ans. J’ai assisté aux premières mises au point, etc. Et j’assistais aux ateliers mais seulement de temps en temps.

Cette année c’est la première fois que j’ai pu suivre les ateliers “inclusifs” – c’est-à-dire ceux où les lycéen·ne·s sont invité·e·s – du début à la fin. Comme pour chaque nouvelle édition, on a divisé la classe en deux groupes. J’ai assisté à tous les ateliers du premier groupe, des séances d’une heure et demie dans les locaux de la M.A.S. sur 6-7 semaines.

Qu’est-ce que ça change pour vous de suivre les ateliers régulièrement ?

On voit nos filles évoluer (ndr. cette année la classe ne comptait que des lycéennes). Au début c’est compliqué, puis les choses s’apaisent. C’est pareil pour nous, adultes encadrants : c’est compliqué pour tout le monde le handicap. Il y a un cap à passer. Mais travailler avec des gens en situation de handicap c’est tout bénef. On a tout à y gagner. Et en même temps on se met en danger. Pour ma part, à double titre.

D’abord en tant que prof. J’ai fait le choix, comme mes collègues, de participer aux ateliers en même temps que nos élèves. Nous sommes dans le même bain. Du coup, nous sommes aussi dans des positions où les lycéennes n’ont pas l’habitude de nous voir en tant qu’enseignant·e·s.

Par exemple quand j’ai dansé avec un jeune homme en fauteuil à la fin d’un atelier. Ou encore quand j’ai fait du mime. Nous sortons de l’ordinaire, nous aussi. Nous nous retrouvons au niveau des élèves, qui nous voient différemment. Avec les mêmes problématiques, les mêmes réactions qu’elles. Ça les rassure.

De quelle autre manière y « gagnez »-vous ?

Je me mets en danger et j’y gagne aussi en tant qu’être humain et citoyenne. À titre personnel je n’ai jamais été en contact avec le handicap. Or à la M.A.S. il y a des cas compliqués. On découvre, les premières fois on peine pour eux et des questions émergent. Un des jeunes hommes a demandé : « Est-ce qu’on vous fait peur ? ». Eh bien non !

Au début on est un peu mal à l’aise, oui, on rencontre des difficultés. À un moment il fallait qu’on se touche. Mais un des élèves ne pouvait pas se servir de ses bras… Finalement, il a trouvé comment : en se penchant sur son fauteuil. On trouve des solutions. Et on sort en se disant que la vie est belle ! Ça nous regonfle pour la semaine. C’était ma bulle d’oxygène !

Comment voyez-vous la suite des Rencontres Extra-Ordinaires ?

Aujourd’hui elles font partie intégrante du projet d’établissement de notre lycée. Chaque année, avec une nouvelle classe, de nouveaux élèves, de nouveaux enseignants, on repart à zéro et il faut se réapproprier la façon de travailler, etc. On est très bien reçus et Debora est géniale. Il faut que le projet continue. J’ai adoré travailler avec tout le monde cette année !

J’aimerais bien que ça débouche sur une réalisation à montrer aux autres classes. On n’a jamais réussi à montrer cela en dehors des participants aux ateliers. C’est compliqué à mettre en place, à partir de mai le calendrier est plus chargé avec les examens. Montrer aussi aux parents d’élèves, aux autres profs… Notamment dans une salle pouvant accueillir plus de monde pour le spectacle. Le lycée est trop petit pour cela. Peut-être via la mairie ?

Joyce EUDE

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